Sur la route d’Artigat
Les souvenirs s’étalent
Teinté d’une lueur ocre
Le passé se pavane
Sous la rétine aveugle
D’un œil brûlant
Dénué de paupières cumulus
Un flot d’images m’assaille
Le gravier se dérobe
Et la route se défile
D’un accostage hostile
Le bas-côté m’aborde
Et le sol est si chaud
Qu’il fait bon d’y goûter
Le craquant de la roche
La poussière amoncelée
Comment s’appelait-il ?
Et pourquoi est-il mort ?
Quand l’insomnie dévore
Les journées sont exils
Sur la route arpentée
Tant et tant par ses pas
Il me semble qu’il est là
Marchant à mes côtés
Autopsie
Oedème de la région laryngée…
Les petites ailes du sphénoïde sont détachées du corps de l’os…
Trait de fracture à la base du rocher…
Plaie transversale intéressant la 11e côte…
Il se détache une esquille
Traces de strangulation…
Du tragus part une plaie contuse…
Marques traumatiques présentes sur la ligne médiane antérieure du thorax…
Thrombose de l'artère pulmonaire principale…
Dans la zone supra-iliaque existe un hématome brun-vert…
Le feuillet viscéral de la plèvre est neutre…
L'arbre bronchique contient du mucus teinté de sang…
Il se détache une esquille
Lacération de la substance cérébrale dans le voisinage du sillon de Rolando…
Hémorragie diffuse des méninges…
Trait de fracture à la base du rocher…
Il se détache une esquille
Plaie transversale intéressant la 11e côte…
Le condyle externe présente une encoche…
La Nuque
Mais que sent-il derrière la nuque
Et qui palpite sous sa peau
Et qui le ronge sans repos
Et paraît ne jamais repus ?
Que s’épanouit dedans son cou
Qui tord sa peau comme de la tôle
Et la dilate et la gondole
Et la brûle à le rendre fou ?
Les nerfs
Que l’on gonfle le goitre
Que s’affûtent les griffes
Que se dressent les ergots
Et s’aiguisent les crocs
Qu’on flatte l’encolure
Que s’arque boute l’échine
Que s’emboîte le pas
Et saillisse le torse
Que ruisselle la sueur
Qu’étincelle l’acier
Et scintille le cuir
Et que luise le crin
Que durcisse la carne
Et se crispent les nerfs
Longscop
N’avez-vous pas vu que je vous suivais ?
Silencieuse silhouette
Reflet furtif
Caressant d’aguicheuses vitrines
N’avez-vous pas vu que je m’approchais ?
Réduisant les distances
Accélérant le pas
Aux aguets de vos gestes
N’avez vous pas entendu mes pas dans les vôtres ?
Mes talons sur vos talons
Giflant l’asphalte
Dans un crissement de cuir
N’avez-vous pas aperçu sur vos épaules mon ombre ?
Esquissée par la lueur des réverbères indifférents
N’avez-vous pas senti sur votre nuque mon souffle ?
Sifflement asthmatique au creux de votre oreille